GPS&O, un monstre financier incontrôlable, même par ses créateurs
Le 17 février, les élus de la CU GPS&O votaient la création d’une part communautaire dans la Taxe Foncière sur les Propriétés Bâties (TFPB) et en fixaient le taux à 6%. Si à la création de la plus grande communauté urbaine de France, le principe du non recours à l’impôt foncier pour financer l’intercommunalité avait convaincu les élus, le déficit structurel de celle-ci et sa mauvaise gestion nous ont menés à un budget déficitaire de 11 millions d’euros.
Comment compenser une mauvaise gestion financière ?
Brandissant le spectre de la mise sous tutelle par le préfet si nous ne parvenions pas à équilibrer le budget, la nouvelle présidente de la GPS&O a affirmé la nécessité de cette hausse importante de la TFPB (en moyenne entre 210 et 280 € par logement) pour garantir les compétences du quotidien et maintenir les projets d’investissement et notamment les aménagements liés à l’arrivée d’Eole.
Pourtant, ces compétences du quotidien justement, ce sont d’elles que les habitants des 73 communes de la GPS&O se plaignent et à juste titre, puisque dans un certain nombre de communes, la voirie est comme laissée à l’abandon, la propreté urbaine laisse à désirer et le service de ramassage des déchets a fortement diminué. A tel point que certaines communes agissent, à leur frais, en complément de la CU ou vont même jusqu’a récupérer certaines de ses compétences.
Alors que 11 millions d’euros seraient nécessaires pour financer le maintien de ces services et ne pas être mis sous tutelle, l’exécutif a décidé de financer pas moins de 40 millions d’euros pour continuer à mener ses projets comme si de rien n’était, sur le dos des habitants, et ce malgré une mauvaise gestion financière. Projets dont l’aménagement des pôles gare Eole (Eole dont le budget — pas financé par la CU — subit un dépassement de seulement 1,7 milliards d’euros.)
Des appels d’associations et d’élus à voter contre
Quelques jours après la lettre ouverte de Ghislaine SENEE — ancienne maire d’Evecquemont, Conseillère Régionale — appelant les élus communautaires à voter contre cette taxe et à la veille du vote l’AVL3C et 10 autres associations adressaient également leur souhait de ne pas voir cette taxe votée, « Il y a certainement des économies à faire dans le fonctionnement avant de taxer encore les citoyens ».
Une gestion plusieurs fois dénoncée par la cours régionale des comptes
Et des économies, il y en aurait effectivement à faire. Dès 2018 la Cours Régionale des Comptes (CRC) qualifiait le budget de la CU « d’insincère » estimant qu’il « manquait de clarté ». Si les recettes avaient été correctement identifiées en 2018, la CU aurait alors dû revoir son programme d’investissement à la baisse ou recourir de façon plus importante à l’emprunt, mais rien n’a été fait et les conséquences, nous les subissons donc aujourd’hui.
Et pourtant en 2020 déjà, le groupe Ensemble pour GPS&O proposait la création de cette taxe, mais avec un taux inférieur afin de prévenir ce déficit et d’étaler la dépense pour les ménages.
Malgré le transfert de compétences à certaines communes qui auraient dû impliquer une baisse des charges de personnel et la loi 3DS qui vient d’être votée et qui risque d’amplifier ce phénomène ; malgré une CU avec des charges générales quasiment au double de la moyenne nationale ; malgré les avertissements de la CRC qui dénonçait « l’absence de vision globale et prospectives d’investissement » ; l’exécutif a décidé de passer en force le vote de cette TFPB en jouant encore une fois le chantage à la subvention départementale.
Le passage en force avec l’éternel chantage à la subvention départementale
Le vote à bulletin secret a été rejeté et Karl Olive — maire de Poissy, vice président de la CU, vice président du département — avait bien prévenu : « je verrais très mal et c’est très bien que ce ne soit pas un vote à bulletins secrets que celles et ceux qui nous donnent de grandes leçons, collègues maires, […], j’espère que ces personnes-là auront la même responsabilité de ne pas venir demain matin frapper à la porte du président du conseil départemental pour dire : président s’il vous plaît, le Département est gorgé de recettes, aidez-nous ».
Bilan de la menace, 90 voix pour et seulement 29 contre et 18 abstentions malgré les nombreuses interventions en défaveur de ce vote durant le débat qu’il l’a précédé. Et si cette augmentation vous fait peur, soyez assuré que le vote de la Taxe d’Enlèvement des Ordures Ménagères dans quelques semaines ira également dans la même direction…