Dimanche dernier, premier tour des législatives, j’ai fais le choix d’être délégué d’un candidat. Voici mon retour d’expérience sur cette journée du 11 juin.
Après avoir été scrutateur lors du 2ème tour de l’élection présidentielle, je me suis demandé ce que je pouvais faire de plus en tant que citoyen. Après quelques recherches, il m’est apparu qu’être délégué d’un candidat était la solution pour venir observer le déroulement des élections et des dépouillements. En ce qui concerne le choix du candidat pour lequel j’allais me proposer de devenir délégué, il fut rapide, car j’avais déjà décidé pour qui j’allais voter, au vu de la campagne qui avait commencée.
Être délégué, ça consiste en quoi ?
Et bien, un délégué, c’est celui qui est nommé par un candidat, ou une liste, pour observer les opérations de vote et vérifier que tout se passe bien, notamment pour éviter les fraudes. Il est donc nommé délégué sur un certain nombre de bureaux de vote et peut par conséquent y pénétrer et observer ce qui s’y passe.
On m’avait prévenu que les élus et les membres des bureaux n’aimaient pas trop que des délégués soient là, surtout s’ils font des remarques. Moi, ayant toujours foi en la démocratie et ses représentants, je me disais que dans notre grand village (ou petite ville à vous de voir), ça n’était pas le cas…
Globalement j’ai été bien reçu. Le matin j’ai fais le tour des bureaux pour vérifier que les bulletins étaient bien présents et que les bureaux de vote étaient bien aux normes (affiches présentes etc). Comme ça se fait normalement je me suis présenté aux présidents des bureaux pour leur signaler que j’étais délégué, car bien que chaque bureau reçoive la liste des délégués, il n’est pas obligatoire de la consulter avant l’arrivée d’un délégué (donc si on leur dit pas qu’on l’est, ils peuvent se demander ce qu’on fou là ).
C’est en entrant dans un des bureaux que j’ai eu une remarque d’une élue. “Oui ba on sait…”, qu’elle me dit, d’un ton très amical (ironie quand tu nous tiens…). Bref j’ai laissé passer la remarque et je n’ai rien dis, mais c’était déjà une prémisse de ce qui se passerait l’après midi.
Mise à part ça, tous c’est bien passé dans 3 des 4 bureaux. Je ne fis que peu de remarques, toutes prises de manière sympathique et compréhensive, une des fonctionnaire présente m’a même dit que c’était bien parce que je lui avait appris quelque chose. Pour le 4ème par contre, je ne peux pas en dire de même. Pas de bol, la seule remarque que j’y ai fait est visiblement mal passée.
“J’ai toujours fait comme ça depuis que je tiens des bureaux de vote” me répondit fermement son président. J’insiste alors en disant que c’est inscrit au code électoral et qu’on peut vérifier si il le souhaite, mais d’après ces dires, il n’avait pas que ça a faire… Et puis, après tout, si ma remarque était fondée, je n’avait qu’à la faire inscrire au procès verbal de toute façon… Bon, à ce moment là je suis sortis me calmer deux secondes. J’ai pas trop l’habitude qu’on me parle comme à un chien, alors pour ne pas déranger le bureau de vote, je suis sirtit m’aérer l’esprit.
Je reviens quelques minutes plus tard, je demande à inscrire une remarque au PV, et là, qu’avais-je osé faire ?! Mille millions de mille milliards de mille sabords de tonnerre de Brest ! Un délégué qui veut inscrire une remarque au PV ! Bon, je passe les détails mais à partir de là, on ne me parle plus de façon sympathique vous l’aurez compris… Passons ce qui se passa ensuite dans ce bureau…
Une fois de retour dans un autre bureau, quelques temps plus tard, le maire m’a carrément demandé de m’assoir dans un coin, le plus loin possible des opérations de vote bien sûr et sans la courtoisie habituelle que l’on doit à quelqu’un lorsque qu’on lui parle. C’était tout bonnement un ordre. Bon j’étais pas là non plus pour faire des vagues et puis ça me faisait rire, jaune, mais rire. Je trouvais que c’était tout bonnement ridicule.
Le matin même, alors que je n’avait pas encore fait de remarques, je me mettais où je voulais, je discutais avec des élus sans problèmes sans que cela ne le gène. Mais sans aucune raison apparente, d’un moment à l’autre je me met à gêner en faisant exactement la même chose… Quel heureux hasard, la vie nous joue parfois des tours… Ha, les coïncidences… Bon, ignorons la vision qu’ont ces élus là de la démocratie et continuons nos péripéties…
Le soir, devant choisir de n’assister au dépouillement que d’un seul bureau (ba oui, je peux pas me “déquadrupler”… ) je choisis au hasard celui dans lequel je ne me suis pas fait très bien accueillir lors de ma remarque (c’était vraiment une coïncidence hein
, la vie est drôle vous ne trouvez pas ? ).
Bon le dépouillement c’est plutôt bien passé, aucun problème de procédure, c’était une bonne chose. Par contre je crois que les élus avaient attrapé un coup de chaud à cause de la chaleur qu’il faisait toute la journée dans ce bureau là , parce qu’a chaque fois qu’il me regardaient ils expiraient fortement… C’est pas facile d’être élu et de tenir un bureau de vote… En plus, une d’elle s’est mise à m’imiter dès que je tournais le dos. Quand on prend un coup de chaud on réagi comme des enfants des fois non ? Ou alors était-ce pour une autre raison ?
Passons les autres enfantillages (nombreux ). Visiblement ma présence les dérangeait je crois (ah bon ?). J’ai eu le droit à quelque chose de similaire mais de moins prononcé au bureau de vote centralisateur, mais ça c’est bien terminé à par ça. Ça me faisait rire de voir à quel point ma simple présence et mes remarques sur des choses, disons le, pas capitales du tout, mais tout de même véridiques, les em*********. Du coup je l’ai pas trop mal vécu au final.
Bon la soirée se finie quand même par une autre élue qui me dit que les délégués ça sert à rien. Décidément certains élus de la commune ont une vision bien différente de la mienne de la démocratie. Le plus “drôle” dans une commune comme Magnanville, c’est que tout le monde se connait plus ou moins, c’est intéressant de découvrir les facettes de certains.
Bon, en résumé, c’était très intéressant, surtout que j’ai pu voir une partie des coulisses de la campagne. Je trouve que cette expérience nous montre bien qu’il n’y a pas assez de contrôles sur le déroulement des élections, que ce soit de la part des délégués de candidats ou du conseil constitutionnel, vous savez donc quoi faire aux prochaines élections ! Je trouve aussi ça dommage, qu’alors que je faisait des remarques sans méchanceté et sans arrière pensée on en soit arrivé là, les autres bureaux sont bien la preuve que ça peut bien se passer…